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Le jeu vidéo est une expérience multisensorielle, et c’est probablement ce qui le rend aussi immersif. Ce n’est peut-être pas évident à première vue, mais les musiques participent énormément au succès d’un jeu vidéo, et elles sont désormais aussi importantes que la bande originale d’un film. Dès les années 90, déjà, des jeux comme Silent Hill ou Grand Theft Auto devaient leur célébrité à leur ambiance sonore presque autant qu’à leur gameplay et leur scénario. 

Pour des millions de personnes, les jeux vidéo ont été un moyen de découvrir de nouveaux groupes ou de se plonger dans des genres musicaux auxquels ils ne se seraient pas intéressés autrement.

La musique est un média particulièrement puissant lorsque l’on veut créer des ambiances, évoquer des mondes imaginaires et raconter une histoire épique. Découvrir une musique en étant immergé dans un jeu que l’on aime – souvent seul, plongé dans le noir – est une expérience unique, extrêmement prenante et qui marque les mémoires.

Désormais, les bandes originales de jeux font pleinement partie de l’univers et de l’imaginaire des joueurs, et les éditeurs de jeu vidéo en sont bien conscients. Il y accordent donc de plus en plus d’importance. Mais il n’en a toujours pas été ainsi. Laissez-vous guider, nous vous offrons un tour dans l’histoire et l’actualité de la musique de jeu vidéo.

Pong: là ou tout a commencé

C’est dans les années 70 que les premières machines d’arcade ont été équipées de haut-parleurs – à l’origine pour attirer l’attention des visiteurs sur cette activité nouvelle. Le premier jeu a avoir été ainsi sonorisé est le célèbre Pong, qui marque le début de la musique dans le jeu vidéo. Ces petit “bips”, qui nous semblent aujourd’hui simplistes, étaient en réalité une vraie révolution : ils annonçaient l’arrivée de la musique comme outil de création d’ambiance dans ce loisir en devenir. 

La créativité du 8-bits

Dans les années 1980, le progrès technique permet de stocker des musiques légèrement plus élaborées, mais à peine. Les musiques 8 bits puis 16 bits doivent alors être mémorables, et agréables à écouter malgré des centaines de répétitions – les limitations techniques ne permettent pas d’inclure des morceaux longs et diversifiés. Il faut donc créer des ambiances avec très peu de notes et les premiers compositeurs d’ambiances sonores iront notamment puiser chez J.S. Bach pour alimenter leur créativité et concevoir ces motifs très simples, mais pas simplistes. 

Au milieu des années 80  Nintendo recrute son premier compositeur officiel, Kenji Kondo. Les musiques de jeux comme Mario Bros ou Zelda deviennent alors célèbres – connaissant presque autant de succès que les jeux eux-mêmes. C’est également Kenji Kondo qui organise le tout premier concert associant musique classique et jeu vidéo à Tokyo. A la fois compositeur et chef d’orchestre, il deviendra une figure incontournable de la musique du jeu vidéo.

Performance de Kenji Kondo jouant la musique de Super Mario

Dans les années 1990, l’arrivée du CD et la démocratisation des PC et des consoles dans les maisons s’accompagne de progrès permettant aux jeux d’intégrer des sons d’instruments véritables. Il faut donc, dans l’industrie du jeu vidéo, des compositeurs capables d’enrichir les mondes fantastiques de plus en plus élaborés des jeux vidéo de musiques tout aussi riches. 

C’est une fois de plus au Japon que l’artiste Michiru Yamane, employée par Konami, créé en 1997 la célèbre musique de Castlevania : Symphony of the Night. Diplômée de l’une des plus prestigieuses académies de musique du Japon, elle compose 44 morceaux qui accompagnent ce jeu vidéo d’exploration innovant et son univers baroque, fantastique, décalé. Les influences de la compositrice sont éclectiques et audacieuses – allant du métal à la musique classique, en faisant parfois des détours par la pop ou le jazz.  

Considérée comme l’une des meilleures bandes son de jeu vidéo de tous les temps, cette musique intemporelle n’a rien perdu de son pouvoir aujourd’hui. 

Zelda: quand le joueur devient musicien

Mais c’est la série des Legend of Zelda qui marque une véritable révolution dans la musique de jeux vidéo – en invitant le joueur jusque dans sa bande-son.  La musique de ce volet s’insipire de thèmes déjà utilisés dans A Link to the Past et dans la version originale de Legend of Zelda. Le monde d’Hyrule acquiert ici un aspect plus moderne, mais toujours aussi familier pour les habitués de la série. 

Mais la bande son du volet Ocarina of Time, un jeu sorti en 1998 – composée comme le reste des musiques de la série par Kenji Kondo – n’est plus uniquement là pour créer une atmosphère – elle fait désormais partie intégrante du gameplay lui-même.

Capture d’écran du jeu vidéo Zelda Ocarina of Time

Pour avancer dans l’histoire, il faut littéralement jouer d’un instrument, l’ocarina du titre, pour débloquer des pans entiers de l’histoire, progresser dans la suite de quêtes, découvrir des secrets et même lancer des sorts. 

En 2012, l’industrie de la musique de jeux vidéo reçoit sa première grande consécration : le compositeur Austin Wintory remporte un Grammy Award  de la meilleure bande-son pour la musique du jeu Journey.

Pour un art aussi récent, c’est une reconnaissance extraordinaire. 

Retrouvez-nous en juillet, pour découvrir quelques bandes-son particulièrement mémorables, et des pratiques nouvelles, qui pourraient bien révolutionner l’industie du jeu vidéo et le monde de la musique.