C’est une scène devenue banale : sur une belle plage grecque, un dirigeant relit un contrat depuis sa tablette, répond à deux mails urgents, puis la glisse distraitement sous sa serviette pendant qu’il va nager. Dix minutes plus tard : plus de tablette. Pas de mot de passe sérieux. Pas de chiffrement. Et, bien sûr, des données sensibles à l’intérieur.

Ce type d’incident, autrefois rare, est devenu un grand classique estival. Car l’été ne suspend ni les obligations de sécurité, ni les cybermenaces. Si les bureaux se vident, les pirates, eux, ne partent jamais vraiment en vacances.

Alors, comment profiter de ses congés sans faire peser un risque sur les données de son entreprise ? Comment rester vigilant sans tomber dans la paranoïa ni saboter ses dix jours au bord de la mer ?

Dans notre thème d’août, nous vous donnons les meilleurs conseils pour passer un été serein et une bonne rentrée sans abandonner la cybersécurité. 

Déconnexion illusoire, vulnérabilité réelle

On croit souvent que les vacances sont synonymes de pause numérique. En réalité, c’est l’un des moments les plus risqués pour la sécurité informatique : salariés connectés depuis des réseaux publics, matériel emporté en mobilité, baisse de vigilance, moins de supervision en interne.

Certains chiffres parlent d’eux-mêmes : selon une étude de NordLayer (2023), plus d’un tiers des incidents de cybersécurité en entreprise surviennent pendant les périodes de congés, notamment juillet-août et décembre.

En août dernier, un juriste d’un grand groupe industriel français s’est connecté à son webmail depuis l’aéroport d’Athènes. Il a saisi ses identifiants sur ce qu’il pensait être le portail Wi-Fi de l’aéroport. En réalité, c’était une copie malveillante. Le lendemain, ses accès étaient compromis et des documents confidentiels ont été exfiltrés. L’incident a nécessité une alerte à la CNIL et un audit complet des connexions.

Pourquoi l’été amplifie les risques

C’est le contexte qui affaiblit les défenses.

  • D’abord, l’attention baisse. Le cerveau est ailleurs, les priorités sont différentes.

  • Ensuite, les environnements sont moins contrôlés : hôtels, maisons de vacances, cafés, trains, aéroports…

  • Enfin, les équipes IT ou sécurité tournent aussi au ralenti, et les procédures d’urgence sont parfois mal définies.
  • Ajoutons à cela un facteur psychologique : la confiance excessive dans la technologie personnelle. Beaucoup estiment que leur téléphone, leur tablette ou leur PC est “sûr”, sans vérifier que le chiffrement est activé ou que les connexions sont sécurisées.

VPN, cloisonnement, gestion des accès : les vrais réflexes utiles

Pas besoin d’être un expert en cybersécurité pour prendre des mesures efficaces. Mais encore faut-il les anticiper avant le départ. Un VPN professionnel, par exemple, reste l’un des moyens les plus simples et efficaces pour sécuriser les échanges — même sur des connexions douteuses.

Autre point souvent négligé : la séparation entre vie pro et la vie perso. Utiliser un même appareil pour tout faire est une habitude courante, mais risquée. Créer des sessions distinctes, activer un espace de travail sécurisé  voire emporter deux appareils si c’est envisageable, limite considérablement les dommages en cas d’incident.

Et bien sûr, la gestion des mots de passe reste centrale. Trop d’utilisateurs profitent de l’été pour “faire simple” : même mot de passe sur plusieurs services, pas de double authentification… Autant de portes ouvertes qui compromettent la sécurité. Un gestionnaire de mots de passe sécurisé permet non seulement de renforcer la sécurité, mais aussi de gagner du temps, même en déplacement.

Ccontinuer à travailler… sans exposer l’organisation

Soyons lucides : beaucoup de dirigeants et cadres ne décrochent jamais totalement. Et ce n’est pas forcément un problème en soi. Mais cela suppose de penser la mobilité comme un scénario de cybersécurité à part entière, pas comme une parenthèse.

Prenons un autre cas réel : en 2022, un directeur en congés emporte son ordinateur professionnel dans sa voiture. Il s’arrête sur une aire d’autoroute. Lorsqu’il revient, la vitre du véhicule est brisée, l’ordinateur volé. L’ordinateur n’était ni chiffré ni verrouillé. Il contenait des fichiers sensibles, accessibles sans mot de passe. Résultat : un fuite de données clients, et tous les ennuis qui s’en suivent.

Un chiffrement activé, un verrouillage de session bien configuré ou une possibilité de « remote wipe » (effacement à distance) auraient suffi à limiter l’impact.

La responsabilité juridique ne s'arrête pas l'été

Du point de vue réglementaire, notamment RGPD, la responsabilité de l’entreprise ne connaît pas de trêve estivale. Toute violation de données personnelles — qu’elle ait lieu en août sur une plage ou en pleine réunion de janvier — est soumise aux mêmes obligations : analyse du risque, notification éventuelle à la CNIL, documentation des mesures prises.

Et derrière l’entreprise, ce sont aussi les dirigeants et les responsables techniques (DSI, RSSI) qui peuvent être mis en cause pour négligence, surtout si les mesures de base n’étaient pas en place.

Plusieurs arrêts récents ont rappelé qu’en matière de sécurité, l’absence de moyens adaptés est une faute autonome. Il ne suffit pas de dire qu’un salarié “a mal agi” : encore faut-il prouver que l’entreprise lui avait donné les bons outils et les bonnes consignes.

Anticiper, former, déléguer : les bons réflexes de l’été

Alors, que faire avant de fermer son ordinateur et de faire ses valises ?

  • Faire un point rapide avec son équipe sécurité : qu’est-ce qui reste accessible ? Qui a accès à quoi ? Peut-on réduire les privilèges temporaires ?
  • Prévoir une procédure claire en cas d’incident : à qui signaler une perte ? Qui peut intervenir à distance ? Faut-il une délégation écrite ?
  • Former brièvement les collaborateurs qui partent avec du matériel ou des accès : un mémo d’une page peut suffire s’il est bien fait.
  • Partager les contacts d’urgence dans un format facilement accessible (QR code, cloud sécurisé).

Ce n’est pas l’été qui crée le risque. C’est l’oubli momentané des réflexes professionnels. La cybersécurité en congés, ce n’est pas se méfier de tout, tout le temps. C’est simplement prévoir les points de bascule, là où un instant de relâchement peut coûter cher.

Et paradoxalement, c’est aussi une bonne occasion de remettre à plat les pratiques internes : qui a accès à quoi ? Pourquoi garder certaines ressources ouvertes tout l’été ? Pourquoi ne pas former les équipes aux usages en mobilité ?

L’été peut être une pause. Mais la cybersécurité, elle, doit rester une routine.

Retrouvez-nous mi août pour la deuxième partie de notre article sur la cybersécurité en vacances. Dans l’intervalle, si vous avez un film, une série, un logiciel ou un livre électronique à protéger, n’hésitez pas à faire appel à nos services en contactant l’un de nos gestionnaires de comptes; PDN est pionnier dans la cybersécurité et l’antipiratage depuis plus de dix ans, et nous avons forcément une solution pour vous aider. Bonne lecture et à bientôt !

Partager cet article