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Nous avons déjà évoqué l’importance des CDN (Content Delivery Network)  pour les sites modernes ; désormais la majorité du trafic mondial passe par ces services qui permettent notamment de mieux diffuser le contenu, en accélérant le chargement des sites web.  Les CDN permettent également dans une certaine mesure, de protéger les sites, notamment contre les attaques DDOS et c’est l’un de leurs plus grands atouts. L’un des CDN les plus connus est Cloudflare, entreprise grâce à laquelle toute personne ayant une présence sur Internet peut en effet prétendre à des sites plus sûrs et plus rapides. Mais ce CDN a également une réputation quelque peu sulfureuse: on sait notamment que plus de 80% du trafic mondial de contenus pirates se cache derrière un Cloudflare. Nous avions déjà parlé de son rôle dans le piratage il y a quelque temps. Comment la situation a-t-elle évolué depuis ?

Cloudflare et le blocage d’IP

Après une position ambivalente a propos du site d’ultra droite Kiwi farms en 2022, Cloudflare a réitéré à plusieurs reprises son désir de ne pas être une “police de l’internet”. Ils rappellent régulièrement qu’ils ne sont pas un gouvernement et qu’ils n’ont donc  pas vocation à prendre de décisions sur le contenu. Ils rappellent par ailleurs régulièrement qu’il existe une distinction forte entre les hébergeurs et les intermédiaires. D’après eux, vu l’absence de regard qu’ont les intermédiaires sur les contenus de leurs clients, ils n’ont aucune responsabilité sur ce qui est publié sur les sites de ces clients, et aucune légitimité à avoir à les modérer. Ils ne pourraient donc pas être accusés de favoriser des comportements illégaux de ce fait. Pourtant la majorité des gouvernements commence de plus en plus à adopter une position d’après laquelle les intermédiaires sont précisément les mieux placés pour mettre fin aux activités illicites de leurs clients. Par ailleurs, la proportionnalité de la mesure est respectée: en effet, les injonctions de blocage sont territoriales, ce qui reflète la nature territoriale des droits de propriété intellectuelle.

L’entreprise s’appuie notamment sur le cas de l’Autriche: en effet à la suite d’une décision de la Cour suprême autrichienne concernant le blocage IP, un surblocage de sites a été constaté. Cloudflare emploie cet unique exemple – alors que la même mesure a été appliquée dans de nombreux pays sans aucun problème – pour afficher une position forte contre cette mesure. Cependant, lorsque le retrait à la source (qui est en principe une solution meilleure et moins coûteuse) est inefficace, il faut bien pouvoir agir autrement contre les sites réfractaires; c’est là que le blocage d’IP entre en ligne, et c’est une démarche longue, coûteuse et très judiciarisée. C’est donc bien évidemment une solution de dernier recours pour les ayants droit, et c’est également la meilleure solution pour la diffusion des contenus en direct: même un hébergeur de bonne volonté mettra souvent quelques heures à répondre à une demande. Pendant ce temps, le match ou le concert diffusé illégalement sera déjà terminé depuis longtemps.  

La position de Cloudflare sur le blocage IP est donc très clairement idéologique et relève très d’un parti pris en faveur des pirates et d’un soutien de ces sites illicites. 

cloudflare a connu une hausse de son chiffre d'affaire cloudflare permet l'augmentation du piratage

Quelle responsabilité pour les intermédiaires ?

Si l’on prend l’exemple de Cloudflare et The Pirate Bay, le célèbre site de piratage suédois, Cloudflare fournit actuellement des services à 4 des 14 domaines de TPB. 

Si l’on voulait imaginer comment un CDN pourrait réagir, Cloudflare pourrait ainsi par exemple ne pas fournir de services à des sites manifestement à haut risque, ou, s’ils font déjà partie de ses clients, de les déplacer au moins momentanément vers des espaces en quarantaine. Dans l’affaire Kiwi Farms, par exemple, le harcèlement était allé si loin que la développeuse de jeux vidéo transactiviste Chloe Sagal avait fini par se suicider publiquement, en s’immolant dans un parc public en 2018. De même, Clara Sorrenti, elle aussi une femme trans, avait été obligée de fuir le Canada à cause des menaces pour sa vie reçues de la part des utilisateurs de Kiwi Farms. Ils profitaient notamment du site pour échanger des données personnelles sur Sorrenti, dont son adresse physique. La position de Cloudflare et leur prétendue protection de la vie privée est donc inacceptable, même s’ils ont fini par refuser leurs services à Kiwi Farms à la suite d’un reportage sur NBC qui mettaient en exergue la responsabilité des intermédiaires dans ce genre de drames. 

La majorité des gens, y compris les personnes victimes de harcèlement comprennent en partie la position de Cloudflare: en effet, personne ne veut vivre dans un monde ou les compagnies privées décident de ce qui devrait être en ligne et de ce qui ne devrait pas y être. Cependant, il doit exister des limites, et ces limites doivent être définies par les gouvernements: lorsque des menaces réelles et sérieuses menacent la vie des gens, par exemple, les intermédiaires se doivent d’intervenir. Même si le harcèlement ou le piratage ne disparaît pas avec l’un de ces sites, il devient plus difficile aux adeptes de ces comportements de s’organiser. 

CDN role in piracy

Retrouvez-nous mi février pour la suite de notre thème sur Cloudflare et les CDN. Nous verrons dans notre prochain article s’il existe des solutions pour responsabiliser les intermédiaires. Dans l’intervalle, si vous avez un film, une série, un logiciel ou un livre électronique à protéger, n’hésitez pas à faire appel à nos services en contactant l’un de nos gestionnaires de comptes; PDN est pionnier dans la cybersécurité et l’anti piratage depuis plus de dix ans, et nous avons forcément une solution pour vous aider. Bonne lecture et à bientôt !

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