Ces pronostics inquiétants ne sont pas limités aux Etats-Unis. En effet, une étude de 2023 de l’EUIPO, agence de la propriété intellectuelle de l’Union Européenne, montre qu’après un déclin de plusieurs années, le piratage en ligne est à nouveau en hausse. Les efforts déployés ces dernières années semblent donc se renverser, à un moment où les sites de streaming voient leur croissance ralentie par une combinaison de hausse des prix des abonnements, une multiplication des abonnements possible, et une hausse significative des contenus désirables, ce à quoi vient s’ajouter le débat sur le stockage de données. 

Ce sont les émissions et séries TV qui sont le plus piratées (48% de l’ensemble des contenus en Europe), mais le piratage d’évènements en direct est également en forte hausse. La tendance observée ces dernières années se poursuit: ce sont les sites de streaming illégal qui sont les plus populaires (58% du piratage) alors que le téléchargement ne représente plus qu’une part de plus en plus résiduelle. 

Les différences entre les pays sont également très fortement marquées: le piratage est très répandu en Estonie ou en Lettonie, alors qu’en Pologne, pays pourtant voisin géographiquement et culturellement, le piratage ne représente que 5% de l’ensemble des contenus visionnés. En Grèce par exemple 25% des contenus consommés ont été obtenus illégalement, alors qu’en Italie les taux sont faibles. Il semble donc difficile de trouver une logique géographique à cette répartition. 

Les  pays diffèrent également en termes de volume et de type de contenu consommé. La piraterie est la plus populaire en Estonie et en Lettonie, tandis qu’elle est relativement impopulaire en Allemagne et en Italie. Il y a également des préférences différentes pour le type de contenu. En Grèce, la piraterie de films représente 25 % du volume total de piraterie, par exemple, tandis qu’en Pologne, elle n’est que de 5%.