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Dans notre dernier article, nous parlions du piratage des livres électroniques et plus particulièrement, de l’importance de ce phénomène chez les étudiants. Cette fois, nous essaierons de comprendre quel en est l’impact réel, mais surtout d’analyser s’il est possible de lutter contre la perte de revenus qui en résulte. En effet, si la musique, les films et les jeux ont tous connu une baisse globale du piratage et des taux de téléchargement ces dernières années, le piratage des livres électroniques, lui, a connu une augmentation sans précédent. 

Il existe ainsi plusieurs méthodes permettant de protéger et défendre son contenu: les moyens techniques tels que les DRM, les moyens légaux, et ce que nous pouvons appeler les moyens proactifs -recherche et demande de retrait des contenus enfreignant les droits d’auteur.

L’efficacité (limitée) des DRM

En principe, un logiciel de protection DRM garantit que vos livres électroniques seront protégés contre toute utilisation non autorisée et tout abus. Il s’agit d’une méthode de cryptage des données qui empêche tout utilisateur ne disposant pas de la clé d’accès appropriée d’accéder au contenu.

La plupart des librairies en ligne utilisent les DRM et le watermarking afin de s’assurer que seul l’acheteur original pourra ouvrir le fichier. Le watermarking est en effet un filigrane visible ou invisible, intégré dans le code du livre électronique au moment de la transaction. Il comprend les données personnelles de l’acheteur, telles que son nom, son adresse électronique et parfois les coordonnées de l’éditeur ou de l’auteur.

Cette technique vise à empêcher la diffusion du contenu protégé puisque les coordonnées de l’acheteur sont intégrées au livre électronique. En cas d’infraction, les éditeurs peuvent donc facilement retrouver et poursuivre la personne ayant diffusé illégalement le contenu protégé. 

En réalité, cependant, quelques minutes suffisent à une personne disposant de quelques connaissances techniques et des bons outils pour supprimer ces protections et faire facilement une copie pdf, mobi ou epub de l’ebook qu’ils souhaitent pirater. Les DRM peuvent donc empêcher une partie du piratage, servant ainsi de premier filtre pour les utilisateurs avec peu de connaissances techniques, mais ils sont loin d’être une sécurité absolue.

L’affaire Grisham / Amazon / Penguin Random house: un message clair pour les pirates

Certains  auteurs ne se laissent désormais plus faire. Ainsi, Amazon Content Services, Penguin Random House et un groupe de membres de la Guilde des auteurs, dont l’auteur américain John Grisham et l’écrivain britannique Lee Child, ont porté plainte devant une cour de l’État de Washington contre le site Kiss Library. Le site, hébergé en Ukraine, vendait des ouvrages numériques piratés à bas prix, bien évidemment sans avoir acquis les droits et donc sans verser aucune rémunération aux auteurs et ayant droits.

En juillet 2020 une ordonnance d’injonction temporaire avait en effet été déposée contre les ressortissants ukrainiens Rodion Vynnychenko et Artem Besshapochny, sans réaction de leur part. L’ordonnance visait à brider les activités des sites visés: des sites de paiement en ligne, le fournisseurs d’accès et fournisseurs de noms de domaines, les annonceurs, ou encore les moteurs de recherche avaient ainsi interdiction de collaborer avec les sites et individus visés. La Cour a reconnu aux plaignants le droit d’obtenir les dommages et intérêts maximum, soit 150 000 dollars par œuvre identifiée. Une fois additionnés, le montant de la condamnation s’élève ainsi à 7.8 millions de dollars.

Doug Preston, journaliste, écrivain et président de la Guilde des Auteurs déclare que la plainte est déposée   » non seulement en notre nom mais aussi pour les milliers d’auteurs qui travaillent pendant des années pour écrire un livre, mettant leur cœur et leur âme dans chaque phrase, pour ensuite voir leurs revenus perdus à cause du piratage. » 

Mary Rasenberger, PDG de la Guilde a également déclaré dans un communiqué: « Les auteurs ont rarement les ressources nécessaires pour lutter contre le piratage à l’échelle commerciale et s’engager dans un litige prolongé, nous sommes donc extrêmement reconnaissants à Amazon Publishing et à Penguin Random House pour leur collaboration dans cette action. »

En effet, le silence des défendeurs nous permet de supposer que cette somme ne sera probablement jamais payée malgré les ressources humaines et financières engagées dans le procès. Cependant l’importance du montant permet d’envoyer un message très clair aux contrevenants, et  d’apporter un regain de visibilité à la lutte contre le piratage de livres électroniques, souvent occulté par les sommes bien plus importantes perdues par les producteurs de cinéma et de séries.

Que faire si votre livre électronique est piraté ?

  • Vous pouvez faire une recherche WhoIs pour essayer de trouver l’adresse électronique du propriétaire  du site mettant votre contenu à disposition illégalement, et envoyer un courriel demandant le retrait de votre ou vos livres. Mais très souvent,  vous ne recevrez pas de réponse.
  • Vous pouvez également chercher le nom de la société d’hébergement, puis la contacter pour lui faire part de votre plainte.

Récemment même l’un des plus grands sites de piratage de livres au monde, connu pour ne pas retirer ses contenus, a été bloqué dans plusieurs pays dont l’Inde,   ce qui montre bien que les gouvernements sont de plus en plus conscients de ces problématiques, et qu’ils ne se limitent pas à essayer de combattre le piratage de films et de séries.

Si vous voulez plus de détails sur ces pistes, vous pouvez nous contacter; seul, cela vous demandera en effet  de nombreuses heures de travail et sera d’une efficacité limitée.  Une société spécialisée dans l’antipiratage dispose d’outils adaptés et de personnel expert qui seront à même d’effectuer les recherches et faire pression sur les sites et les hébergeurs de façon bien plus efficace. En effet, si les sites et hébergeurs ne réagissent pas forcément à un formulaire DMCA envoyé par un individu, ils sont souvent plus réceptifs lorsque la demande provient d’une entreprise spécialisée dans l’antipiratage.

Retrouvez nous  le 15 septembre pour notre article de rentrée, dans lequel nous nous intéresserons à la coopération entre les grands studios de cinéma et les autorités internationales et les actions mises en place pour lutter contre le piratage.