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Dans un monde où un transfert de données rapide est désormais primordial pour les entreprises, les CDN (Content Delivery Network) sont devenus indispensables, la majorité du trafic mondial passe par ces services qui permettent d’accélérer la diffusion du contenu pour un chargement plus rapide des sites web et une latence minimale.  Les CDN permettent par ailleurs, dans une certaine mesure, de protéger les sites, notamment contre les attaques DDOS. 

Dans cet article en deux parties nous parlerons dans un premier temps de Cloudflare et de sa philosophie, avant de nous intéresser à l’importance de son rôle dans le piratage.

Une entreprise multidimensionnelle

Cloudflare, fondée en 2007, est le leader du marché des CDN, mais ce n’est peut-être pas pour cette raison que vous connaissez l’entreprise.

En effet, les données, chaque année, montrent qu’environ 80 % du trafic vers les 250 principaux sites de piratage est acheminé par Cloudflare.

L’entreprise est bien connue pour autoriser les sites de piratage, et même les sites terroristes à utiliser ses services et ses services permettent notamment de masquer des adresses IP.

Cloudflare a réalisé un chiffre d’affaires de 212 millions de dollars au premier trimestre 2022, et une partie de ces revenus proviennent de ces sites illicites qui violent la première clause des conditions d’utilisation de Cloudflare, qui stipule : « En acceptant les présentes conditions, vous nous déclarez et garantissez… (iii) que votre utilisation des sites Web et des services en ligne est conforme à toutes les lois et réglementations applicables. »

Et pourtant, tous les ayants droits qui ont essayé de faire fermer un site violant leur propriété intellectuelle le savent, Cloudflare ne ferme (presque) pas les sites incriminés.

L’entreprise été à de nombreuses reprises accusée de faciliter le piratage, et d’en tirer de bons revenus. Cloudflare s’est également trouvé au cœur de controverses sociales qui permettent d’éclairer sa philosophie. 

Il est, en effet, légitime de se demander si les intermédiaires tels que Cloudflare doivent être tenus pour responsables des propos exprimés et contenus hébergés sur les sites faisant appel à leurs services.

Facilitateur de piratage, de terrorisme et de harcèlement en ligne ou défenseur de la liberté d’expression ?

La politique de la compagnie, donc, est de ne pas répondre aux demandes de fermeture, ni de fournir d’informations sur ses clients. 

Cloudflare a été cependant amené à supprimer plusieurs sites ces dernières années: le site néo-nazi the Daily Stormer en 2017 puis la tristement célèbre émanation de QAnon et de 4chan,  8chan en 2019. Ils ont plusieurs fois admis avoir été mal à l’aise avec cette décision, car ils se considèrent comme un service public de l’Internet, et ne se sentent pas responsables des agissements de leurs clients; ils comparent leur compagnie à un service de téléphonie: ce n’est pas parce que les clients tiennent des propos racistes ou insultants lors d’un appel téléphonique que leurs lignes sont coupées; ils estiment donc pouvoir – et même devoir –  se comporter de la même façon, et refusent d’agir comme une sorte de police de l’internet. 

Au mois de septembre 2022 une nouvelle affaire a défrayé la chronique: la streameuse, candidate communiste canadienne et activiste des droits des personnes transexuelles Clara Sorrenti a été harcelée par le forum KiwiFarms, qualifié de “pire endroit de l’internet”’ par le journal The Guardian. Le site, un successeur de 8chan dont la raison d’être totalement assumée est de harceler des personnalités de l’internet (essentiellement des femmes, cis comme transgenre)  notamment révélé son adresse personnelle puis celle de l’hôtel où elle était partie se réfugier suite à cette révélation. Forcée de fuir en Irlande, Sorrenti a été menacée sur place, une fois de plus après la révélation de sa nouvelle adresse sur le forum. Le site est également responsable pour son arrestation par les autorités canadiennes, ayant utilisé l’ identité de la jeune femme pour émettre de fausses menaces, dans lesquelles il semblait qu’elle s’apprêtait à commettre une fusillade de masse. 

Dans un premier temps Cloudflare a refusé de fermer le site, regrettant le flot de demandes qui leur était parvenu après la fermeture de 8Chan et du Dail Stormer. Cependant après ce que le porte-parole de Cloudflare, Matthew Prince a considéré être une “menace imminente” contre la vie de Sorrenti et Cloudflare été obligé de s’exécuter

Une sécurité pour les pirates

Les suppressions sites cités ont crée ce qu’ils considèrent comme un “dangereux précédent” leur rendant difficile de refuser des demandes de plus en plus fréquentes de mettre hors ligne un certain nombre de sites – activistes et détenteurs de droits d’auteur ont été les premiers, mais de nombreux régimes autoritaires, qui tentaient de faire mettre hors ligne notamment des sites de défense de droits de l’homme dans leurs pays respectifs, ont suivi.

A première vue, tout cela n’a rien à voir avec le piratage. Cependant, ces différentes affaires montrent bien la position qu’essaie d’adopter l’intermédiaire – celle d’une neutralité parfaite, qui permet à tous de s’exprimer et de voir son contenu protégé. Ce sont précisément ces justifications qui sont employées par la compagnie lorsqu’elle est confrontée à des demandes de retrait de la part des différents ayants droits.

Les responsables de l’entreprise ont par ailleurs déclaré à plusieurs reprises ne pas contribuer “de manière significative à la violation du copyright” alors que l’immense majorité des sites pirates utilise les services de Cloudflare, se mettant ainsi quasiment à l’abri des demandes de retrait. 

Cependant leur traitement des affaires ci-dessus montrent bien que dans certaines situations, Cloudflare se résout à arrêter de fournir ses services aux sites incriminés. Serait-il envisageable que le site prenne ses responsabilités dans le domaine de la propriété intellectuelle et commence à coopérer, à terme, avec les autorités et les ayants droit ?

Dans notre prochain article mi-novembre, nous verrons dans quelle mesure cette philosophie fait de l’entreprise un facilitateur du piratage et les condamnation récentes dont Cloudflare a fait l’objet en 2022. 

Dans l’intervalle, si votre contenu a besoin d’être protégé,  n’hésitez pas à nous contacter, nous nous ferons un plaisir de vous aider.